La jussie

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La Jussie

C’est une herbacée palustre ou aquatique ne se développant bien que dans les eaux calmes, très éclairées ou sur un sol très humide. Elle possède de belles fleurs d’un diamètre de 3 à 5 cm et de couleur jaune vif. Ces fleurs ont fait son intérêt ornemental, semblent à l’origine de son introduction dans de nombreux pays. Racines et pétioles des fleurs sont parfois rougeâtres. Les feuilles immergées sont arrondies.
À partir des rhizomes fixés sur le fond ou les berges (de sable, vaste, terre, galets..), cette jussie peut former des tapis très denses de tiges flottantes ou immergées près de la surface. Ses tiges principales (émergées ou immergées) sont rigides, noueuses, et constituent un réseau. Chaque nœud peut développer des racines adventives alimentant l’ensemble de la plante et préparant une régénération ou un bouturage en cas de casse de la tige.
En zone tempérée ou à hiver froid, ses parties aériennes meurent chaque hiver, mais les rhizomes peuvent survivre dans les sédiments? ou le sol s’il ne gèle pas. C’est une plante de lumière, qui ne colonise pas les milieux très ombragés et ne prolifère pas dans les milieux ombreux.

Conséquences de la présence de Jussie

La jussie peut asphyxier très rapidement un plan d’eau ou une rivière peu profonde : lorsque cette grosse masse de végétation se décompose, à cause du froid par exemple, elle forme des herbiers si denses qu’elle empêche le développement des autres végétaux. Il se crée alors un déficit en oxygène, très néfaste aux autres habitants des lieux. Enfin, cette jussie peut absorber des taux d’azote supérieurs à ses besoins. Ainsi, si elle semblait pouvoir jouer dans un premier temps un certain rôle épurateur de l’eau, elle relargue l’essentiel de l’azote accumulé lorsqu’elle meurt en hiver. Souvent, l’écoulement de l’eau est ralenti, ce qui piège les sédiments ou matières organiques transportés par l’eau, qui viennent alors combler les fonds. À la manière des tapis de lentilles d’eau, la jussie concurrence la flore aquatique immergée en empêchant la pénétration de la lumière vers le fond et en occupant toute la niche écologique offerte par les nombreux habitats qui lui conviennent. Les herbiers qu’elle constitue gênent certains loisirs (pêche, natation, sports nautiques, navigation…).

Où la trouve-t-on ?

Elle apprécie les eaux très ensoleillées, stagnantes ou à faible courant (mares, étangs jusqu’à 3 m de fond, cours d’eau à étiages sévères) et peut aussi coloniser les canaux, fossés, zones d’atterrissements, et différents types de zones humides.
Les tiges peuvent prendre racine jusqu’à près de 3 m de fond, si l’eau est claire et le milieu idéal pour la jussie. Elles peuvent aussi coloniser les berges, jusqu’à 80 cm au-dessus de la surface moyenne des eaux, si le sol est assez humide. Elles puisent indifféremment leurs nutriments dans les sédiments ou en plaine dans les eaux, et s’enracinent aussi facilement dans une vase très riche en nutriments, que dans un sable mésotrophe et en termes de dureté de l’eau (teneur en sels minéraux) que de pH (acidité), elles sont plus tolérantes que la plupart des autres espèces végétales. La destruction ou l’absence de ripisylve? peut la favoriser.

Sur le bassin de l’Erve, quelques foyers étaient présents en 2008, nottament sur les Communes de Sainte Suzanne ( la Saugère) et Chammes ( patache, poupinière, Bourg l’Abesse). Un foyer est surveillé depuis 2012 sur la commune de Ballée ( amont Gandouin)

Comment lutter contre la prolifération de la Jussie ?

La jussie ne devrait plus être utilisée ni commercialisée à des fins ornementales en raison de risques élevés de prolifération incontrôlable, même en bassin fermé où des inondations, fuites ou évacuation par "trop-plein", travaux d’entretien, oiseaux, etc., peuvent contribuer à l’exportation de graines ou parties vivantes de la plante (boutures).
En milieu éclairé, la présence d’une ripisylve dense ou d’espèces indigènes sociales et vigoureuses telles que roseaux ou baldingère semble limiter la progression de la jussie.
Il semble trop tard pour espérer éradiquer l’espèce en France et dans plusieurs autres pays où elle a fortement proliféré, même à l’échelle d’un bassin versant. De nouveaux équilibres et coévolutions sont espérés, qui pourraient limiter son extension et limiter les impacts sur la biodiversité.
Limiter la teneur en azote et en phosphore de l’eau (par une agriculture biologique ou raisonnée, associées à des systèmes de bandes enherbées et ripisylves protégeant et nettoyant les cours d’eau permettraient de diminuer la biomasse? de jussies (qui augmente fortement dans les eaux eutrophes pour des taux de nitrates dépassant 20 mg/l.)

Actions du Syndicat contre la Jussie

Le Syndicat de Bassin de l’Erve a mené une campagne d’arrachage manuel (1 a 2 fois par an) depuis 2008 avec l’aide de l’équipe d’insertion de la 3C. Depuis 2 ans, nous ne trouvons plus de trace de cette plante sur les communes de Sainte Suzanne et Chammes. Un arrachage systématique sera prévu dans le cadre du prochain C.T.M.A. sur la commune de Ballée.
Afin que l’arrachage ne soit pas source d’une nouvelle dispersion de propagules vers l’aval, il est associé à des barrages flottants ou des grillages récupérant les petits morceaux de plantes. En tant que déchets potentiellement recyclables, leur mise en décharge est théoriquement interdite, et les plantes arrachées sont compostées sur une plateforme étanche, jusqu’à dégradation complète.

A noter

Un arrêté ministériel du 2 mai 2007, J.O n° 114 du 17 mai 2007, interdit la commercialisation et le transport de cette espèce sur le territoire? français, dans le but de limiter sa propagation.